Le Rubis

Document 1 : Tiré du livre de J.P. JONCHERAY

Nature de l'épave : Sous-marin mouilleur de mines, de 66 m de long, 762 t en surface.

Historique : Le Rubis fut lancé le 30 septembre 1931. Il est, pendant la seconde guerre, un, des sous-marins de la France Libre. Retiré du service en 1949, il est coulé volontairement le 31 janvier 1958, pour servir de but sous-marin.

Dimensions des vestiges : Le bâtiment est entier, 66 m x 7 à 8 m.

Emplacement : 43° 11,25 N, 6° 42,12 E. L'épave est à plus d'un mille au sud-est, est du cap Camarat.

Alignements :

Alignement A : l'extrémité de la végétation (et non l'extrémité du cap) du cap Camarat est au 1/4 gauche du rocher des Portes. A cet alignement en correspond un autre, plus précis encore mais moins déffinissable : un pin sur le cap cache une des rares maisons de l'arrière-pays. Alignement B: Le cap Lardier est juste caché par le cap Taillai. L'observation de cet alignement implique que le bateau de plongée se dirige de l'est vers l'ouest pour respecter la prise d'amers.

Profondeur : Le sous-marin est à 40 ou 41 m de profondeur maximum, et il surplombe le fond de sable de 6 ou 7 m.

Accès plongée : L'épave est éloignée des ports, et très au large. On y parvient de Saint-Tropez ou de Cavalaire, sinon du mouillage de l'Escalet, où il y a un plan incliné.

La plongée : Le Rubis constitue une des plus belle plongée de Provence, intact, posé sur sa quille. L'accès à l'intérieur est possible mais très dangereux. Se méfier du courant.

Cartes marines : 5266 (25 000), 6873 (50 000).



Document 2 : KURT AMSLER

En bref :

Difficulté de localisation : grande

Visibilité : de bonne à excellente

Courant : parfois très fort

Difficulté de plongée : grande

Filets ou lignes : néant

Intérêt historique : grand

Intérêt photographique : grand

Intérêt biologique : faible


Fiche technique :

Type d'épave : sous-marin mouilleur de mines

Nationalité : française

Année de construction : 1931

Jauge : 762 tonneaux

Date du naufrage : 31 janvier 1958

Causes du naufrage : transformation en but pour exercices militaires

Coordonnées géographiques : 43°11'37" N, 6°42'10" 0

Situation : aux abords du cap Camarat

Distance du rivage : 1,4 mille

Profondeur minimale : 34 m

Profondeur maximale : 41 m



Dessiné en 1925, le Rubis fut lancé en 1931 et mis en service l'année suivante. Construit aux chantiers de Toulon, il était le quatrième d'une série de six sous-marins. Le prototype en était le Saphir, lancé en 1930, suivi du Turquoise, du Nautilus, du Rubis, du Diamant et, en 1937, de la Perle. Ces submersibles, conçus pour mouiller des mines sans faire sur face, pouvaient également lancer des torpilles. Les 32 mines dont ils étaient équipés étaient fixées à l'extérieur de la coque sous un revêtement hydrodynamique: chacun des huit puits situés de chaque côté sur les flancs du sous-marin contenait deux mines, disposées l'une au-dessus de l'autre. Arrivé au lieu choisi, le sous-marin larguait ses mines avec un système à air comprimé; du fait de l'allégement ainsi causé, il fallait rééquilibrer rapidement la pesée, de façon à ne pas faire surface en pleine zone ennemie. A la différence d'autres types de sous-marins qui déposaient leurs mines en les faisant sortir au travers d'une sorte de rideau métallique, ce nouveau système réduisait considérablement les risques causés par une « surface » imprudente. Les mines produites par Sauter et Harley, contenaient chacune 220 kg d'explosifs. Après avoir été largués, ces engins de mort remontaient automatiquement en surface, pour y être solidement niaintenus par une chaîne et une ancre.

Le moteur du sous-marin. construit par Vickers-Armstrong, était un six-cylindres à quatre temps, d'une puissance totale de 3 900 CV. En plongée, le sous-marin utilisait deux moteurs électriques Schneider qui lui donnaient une vitesse maximale de 8 noeuds.

Le Rubis pouvait descendre jusqu'à 50 m et naviguer en immersion périscopique jusqu'à 15 m. Sur le pont, deux canons Schweizer Oerlicher étaient à poste. Pour l'attaque directe, cinq torpilles pouvaient être lancées de la proue.

Dans un premier temps, les six sous-marins étaient basés à Toulon, mais, en 1936, le Rubis fut envoyé à Cherbourg pour l'entraînement de son équipage au largage de mines dans les eaux profondes de l'Atlantique. Au début de 1939, le sous-marin fut rappelé en Méditerranée, à Bizerte, en Tunisie, puis incorporé à la 9e flotte sous-marine, basée à Dundee, en Écosse. Commandé par le capitaine de vaisseau Georcycs Cabanier, il reçut son premier ordre de l'Amirauté au début de 1940 : il s'agissait d'une opération alliée qui avait pour but de protéger les côtes finlandaises, et d'aider ce pays dans l'éventualité d'une attaque de la part des Russes. Contrairement à ce qui était prévu, le 9 avril, l'armée allemande envahit le Danemark et la Norvège et les alliés lancèrent immédiatement des opérations pour milier les eaux norvégiennes, afin de bloquer le transport de fer et d'autres métaux indispensables pour l'industrie de guerre nazie. Tous les submersibles disponibles furent utilisés. Le 3 mai 1940, ils avaient miné l'entrée du fjord de Egersund, sur la côte norvéuieiine. Après deux autres missions dans la même mer, l'Amirauté donna l'ordre à tous les moyens engagés dans ces opérations de rentrer en France. Seul le Rubis resta dans les eaux du Nord pour achever une dernière mission : déposer des mines dans le fjord de Trondheim, où était concentrée une grande partie de la flotte allemande de mer du Nord. En conséquence de l'armistice signé entre la France et l'Allemagne le 22 juin, puis l'Italie le 24 du même mois, le sous-marin fut séquestré par les Anglais, changea de pavillon et combattit sous le drapeau britannique, tout en conservant le même équipage et le même commandant. Certains documents relatant les opérations du Rubis révèlent que le sous-marin, au cours de 28 missions, largua 683 mines, qui coulèrent 15 navires de servitude, 7 dragueurs, un cargo de 4 360 tonnes de port en lourd et endommagèrent sérieusement un autre sous-marin. A la fin de la guerre, le Rubis, acclamé pour ses excellents résultats, fut ramené à Toulon et l'équipage reçut les plus hautes décorations françaises et anglaises. Après une révision complète, il servit à l'instruction de la Marine pendant plusieurs années. En 1950, il fut transformé en base sous-marine, puis choisi pour servir de but lors d'exercices au sonar : après une longue période de précieux services rendus, échappant au triste destin d'une démolition peu glorieuse, le Rubis fut coulé le 31 janvier 1958 au large du cap Camarat, entre Cavalaire et Saint Tropez. Ainsi pouvait-on conserver le témoignage d'une page tourmentée de l'histoire mondiale. L'épave s'est révélée en outre particulièrement intéressante, au point d'attirer de très nombreux plongeurs. Elle est encore utilisée à des fins militaires par la Marine pour tester les sonars, lors d'exercices en mer.

La Plongée : Le Rubis est posé bien droit, comme s'il avait été volontairement ainsi positionné, sur un fond de sable, à 40 m de profondeur.

Toutefois, en dépit de la profondeur importante, quand l'eau est claire, on peut apercevoir la silhouette de l'épave depuis la surface.

Autour du Rubis, et il en est ainsi de presque toutes les épaves de sous-marins, plane une sorte de mystère, un sentiment de crainte qui s'empare immédiatement des plongeurs. La position du Rubis accentue elle-même cette impression : le sous-marin est posé sur sa quille, comme s'il était en embuscade, prêt à fondre sur l'ennemi. On s'attend vraiment à ce que d'un moment à l'autre il lance ses moteurs électriques et s'éloigne dans le bleu. L'épave, aujourd'hui encore, est en bon état de conservation, même si de nombreuses parties de ses structures, comme le kiosque, la plate-forme du canon et les tapes des puits de mines ont été irrémédiablement abîmées par la corrosion du temps et de la mer. Les tôles du Rubis ne sont pas richement recouvertes de végétation sous-marine, au contraire du Togo, situé à peu de distance; sur les flancs se sont fixées des gorgones et des éponges, tandis que dans les tubes lance-torpilles, dans les cassures et les recoins vivent d'énormes congres, des murènes et des chapons. Plus que par les formes de vie spectaculaires qui peuplent le Rubis, les plongeurs seront fascinés par le kiosque, les puits de mines, les barres de plongée et le tranche-câble placé tout à l'avant.

Si les plongeurs, captivés par la beauté, de l'épave, s'attachent à une observation attentive et à une exploration détaillée de tous ces points particuliers, ils réussiront, même pour un bref instant, à faire revivre le sous-marin et à le « voir » naviguer comme lors d'une de ses missions, avant qu'il ne soit conduit à son ultime « mouillage », sur le fond de la mer. La fascination et le côté spectaculaire du Rubis ne doivent toutefois pas faire oublier les règles de sécurité et la nécessité de préparer avec attention la plongée. Long de 66 m, le sous-marin peut être exploré dans sa totalité en une seule plongée, en longeant ses deux côtés. Il n'est pas conseillé, en revanche, de pénétrer à l'intérieur, en passant par l'étroite descente du kiosque, d'une part parce qu'il est impossible d'y passer avec un bloc de 15 litres ou un bi-bouteille, d'autre part parce que la visibilité à l'intérieur, du fait de l'importante sédimentation. est pratiquement nulle. Il ne faut également pas oublier qu'au cap Camarat, à certaines périodes de l'année et en fonction de l'heure, de forts courants sont à craindre. Autant de facteurs à considérer avec soin avant toute plongée sur ce site.





Document 3 : 3615 TOPOS

Département : 83

SITUATION :

L'épave se trouve à près d'un mille de la roche Fouras, ilot le plus au large du cap Camarat. COORDONNEES : 43 degrés 11' 32" nord

06 degrés 42' 11" est

PROFONDEUR : A 41 mètres au sable, l'épave émerge du fond de 8 mètres. ENSEIGNURES : Vers le sud-ouest il faut que le cap Lardier soit juste caché derrière le cap Taillat (et pas derrière l'ilot qui le prolonge). Vers le nord-ouest il faut aligner le quart sud du rocher des Portes avec le bord nord de la forêt de pins se trouvant sur le cap. ACCES : Eloignée de tous les ports, l'épave peut être atteinte depuis Cavalaire ou St-Tropez, distant tous deux de 6 milles environ. DIFFICULTE : L'eau est toujours limpide mais le courant est souvent très important et il faut s'en méfier. N'oubliez pas que l'épave est à 40 m et que les secours sont très éloignés. DESCRIPTION : Le sous marin est posé bien à plat sur un fond de sable. Il est dans l'ensemble bien conservé après 20 ans d'immersion. Le plancher a disparu par endroit et l'équipement interne apparait : vannes, pompes, bouteilles d'air... Le panneau avant est entrouvert et le kiosque a perdu compas et périscopes. La partie arrière a été récemment pétardée et les deux élices ont disparu. C'est certainement une des plus belles plongées de Méditerrannée.



Document 4 : ELISABETH MAURIS

Le Rubis, une cible pour les plongeurs.

Difficile d'envisager une "carrière" accomplie de plongeur sans jamais avoir exploré le Rubis. Ce sous-marin coulé en 1958 pour servir de cible, repose désormais sur un fond de 40 mètres, dans une région de Cavalaire.

Le sous-marin est posé bien droit sur du sable. On peut y ploncer toute l'année. En hiver, la visibilité atteint parfois 35 à 40 mètres. En été, le site est très couru, et il n'est pas rare d'y côtoyer une dizaine de bateaux (pneumatiques, écoles de plongées de Cavalaire, bateaux charters du Lavandou). "L'engouement pour le Rubis remonte à une dizaine d'années" souligne Arnaud, l'un des deux propriétaires de l'école de plongée Eperlan. Le Rubis est très réputé en France, mais nos voisins européens (Allemands, Suisses, Belges) affectionnent aussi cette épave.

Arnaud y plonge régulièrement depuis 1978, et, malgré la forte fréquentation, il n'a pas constaté de dégradation majeure. "La partie située entre le kiosque et la baignoire s'est légèrement affaissée à bâbord et on note également un peu de corrosion", signale le plongeur. Les coupables ? Les ancres des bateaux. Un problème auquel les responsables de l'école Eperlan essaient de remédier en reliant le bout de mouillage au kiosque par un mousqueton. Autre anomalie : la partie arrière a été récemment pétardée et les deux hélices ont disparu.

Pour explorer le Rubis, un niveau 2 est requis.

Les difficultés de la plongée : la profondeur (40 mètres), mais aussi le courant, parfois violent. Il peut atteindre 3 noeuds, sévir seulement en surface ou jusqu'au fond ! Descendre et remonter le long du mouillage est fortement recommandé. Pour plus de sécurité, les jours de fort courant, un bout accroché au mouillage court le long de la coque du bateau de l'Eperlan et s'étale loin vers l'arri¬re. Deux avantages: permettre aux plongeurs de gagner le mouillage sans palmer et se raccrocher au bout s'ils dérivent à la remontée. Si la visite des "entrailles" de l'épave est possible, elle est formellement interdite par les clubs. Trop risquée ! Le puits d'accès, très étroit, permet le passage d'une seule personne à la fois. D'où l'incapacité des secours à intervenir en cas de pépin. Et la faune ? On y rencontre à tous les coups des congres, des murènes, des homards. De temps à autres, on y croise des dentis, et des canthares curieux montent observer les plongeurs qui dégringolent le long du mouillage. "Depuis, 5 ans environ, on a constaté que les poissons étaient plus abondants sur le Rubis, mentionne Arnaud. Réchauffement des eaux ? Moins de pollution ? Moins de surpêche '? J'ignore la raison. En tout cas, on voit à nouveau par ici des petits mérous, des corbs, des nacres."

30 ans de service pour Jean-Pierre Joncheray, un archéologue sous-marin bien connu des plongeurs, l'histoire du Rubis n'a plus de secret. Laissons-lui la parole. Le Rubis, sous-marin mouilleur de mines, a été mis sur cale en 1928. Il appartenait à la série Saphir, un ensemble de six sous-marins dont le rôle était réduit à la pose de mines, ce qui ne les empêchait pas d'attaquer aussi à la torpille.

Lancé le 30 septembre 1931, le Rubis a été admis au service actif en avril 1933. Basé tout d'abord à Toulon, il est affecté à Cherbourg avec le Saphir, le Turquoise et le Nautilus en novembre 1936, puis rejoint Bizerte en mai 1939. En janvier 1940, il est affecté à Brest, avec le Nautilus et le Saphir, pour opérer dans le grand Nord et aider la Finlande. Les trois sous-marins arrivent lorsque la Finlande a capitulé. A ce moment. l'allié anglais demande du renfort en sous-marins mouilleurs de mines. Le Rubis, basé à Dundee, entre en action le 1er mai 1940 et ne reverra la France qu'en 1945. Au total, le score réalisé par le sous-marin en 5 années de -uer-re est assez impressionnant: 683 mines larguées, 14 navires (soit 21.410 tonnes) et 7 dragueurs coulés, un U-Boot endommagé, un navire de 4.360 tonnes coulé par torpilles. Le 8 juin 1945, le Rubis est prêt à rentrer chez lui. Le 23 juin, il touche une terre française, à Oran, où il est désarmé et son équipage dispersé sur d'autres navires. Une derni¬re refonte lui permet de terminer ses jours comme navire de la flotte sous-marine française renaissante et de former des équipages pour les nouveaux sous-marins en construction. Retiré du service actif en 1949, il demeure base sous-marine pour l'instruction des jeunes marins avant leur affectation aux sous-marins. Puis en 1957, la marine ayant besoin d'une cible de sonar, il est décidé de l'immerger complètement.

Le 31 janvier 1958, le remorqueur Sam son, ex-Suder Hever allemand, et la gabare Criquet am¬nent le Rubis à 2.600 m¬tres de la côte dans le 125 du cap Camarat. Le Commandant Riffaud place une charge de 9 kilos et l'arrière explose. Le Rubis se mate, puis coule. Il sert, depuis, de but Asdic (sur les cartes marines, il est d'ailleurs signalé comme "but sous-marin") et de ... lieu de plongée.

Rubis pratique :

LOCALISATION :

L'épave repose sur un fond de 40 mètres, au Sud-est de la Roche Fouras, un petit îlot qui prolonge vers l'Est le cap Camarat et le rocher des Portes. Elle se trouve sur un vaste plateau sous-marin connu sous le nom de "basses Sainte-Anne". Le Rubis est assez éloigné des ports : Cavalaire à l'Ouest, Saint Tropez à l'Est sont à plus de 10 kilomètres. COORDONNÉES : 43"11,32 Nord; 06' 42,1 1 Est. DIMENSIONS : 66 mètres de long et 8 mètres de large. QUELQUES CLUBS POUR PLONGER SUR LE RUBIS :

S.A.R.L Eperlan, école de plongée, Contre-allée du Port Privé, 83240 Cavalaire. Tél : 94 05 41 82, fax : 94 05 42 03.

Espadon, 59 avenue Pierre et Marie Curie, 83240 Cavalaire. Tél: 94 64 2303, fax : 94 64 39 74.

Loisirs Méditerranée (sur le port). Tél : 94 79 60 97.

Isadora Plongée. Tél. 94 15 45 10.

Maison de la mer de Cavalaire (office du tourisme). Tél : 94 01 92 13.